30/06/2010

Aichhorn ou l'aménagement de la psychanalyse?

Pour Aichhorn, la délinquance serait une « maladie d’amour », elle pouvait se soigner et se guérir grâce à l’amour. À l’attachement de l’enfant pour l’éducateur, il l’appelait transfert. Il se base sur des présupposés psychanalytiques et  part de l’idée que l’enfant « répète » avec son éducateur, l’attachement  fondamental mais ambivalent qu’il eut pour ses parents. Il considère ce sentiment, un affect  qui sera la condition absolue de soin. Sans le transfert, rien n’est possible. Mais, qu’est-ce qu’entend Aichhorn par transfert ?
Aichhorn ne se situe pas dans un suivi exact du transfert freudien, le rééducateur introduit des variations et son utilisation font partie de l’aménagement de la psychanalyse dans le champ de l’éducatif :« (par) transfert, nous entendons les relations affectives qui s’établissent entre l’enfant et l’éducateur sans pour autant affirmer qu’il s’agit là exactement de la même chose que dans le cas de la psychanalyse »
Aichhorn utilise le transfert comme « catalyse », il préconise d’éviter la réactivation du négatif, c’est-à-dire les perturbations de ces relations d’enfance, le plus généralement le manque d’amour, l’excès qui serait aussi un manque d’amour, la fin, c’est d’arriver à un transfert positif à tout prix. Ainsi « lucidité » et « séduction » seront les armes de l’éducateur. Ni « policier », ni « juge ». Aichhorn congédie le moralisme et dégèle par de l’humour ; il dit « vous » jusqu’au moment où il sent le transfert positif établi. Il faut trouver «  le centre d’intérêt de l’enfant » car pour le rééducateur le transfert négatif est « inexploitable ». Il s’agit d’un sentiment d’empathie, consciemment recherché, parce qu’il apparaît comme la condition du soin. Aichhorn est fortement inspiré de Paul Federn, son analyste. L’identification avec le patient est consciemment recherchée parce qu’elle serait la condition nécessaire du soin. La séduction introduit l'enfant  à l’identification, le but c’est produire un attachement à l’éducateur pour « détacher » l’enfant de la délinquance, l’objectif c’est « devenir social ».
On pourrait faire des objections à cette pensée : le transfert est considéré uniquement du côté du patient et  n’étant pas lié qu’à l’amour ne  tiendrait pas compte  de la négativité des pulsions, il serait ainsi fondé sur l’empathie et la séduction ; Freud a déjà bien signalé en 1937, dans Analyse avec fin et l’analyse sans fin pas sans désespoir, les trois métiers « impossibles », « d’analyser, d’éduquer et de gouverner ».
Nonobstant, l’effort individuel de quelques-uns nous donne un peu d’espoir, même si à l’impossible nul est tenu.

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