"Pédagogie et psychanalyse" reprend certains articles publiés dans la Zeitschrift für psycoanalytische Pädagogik, revue de pédagogie psychanalytique éditée à Stuttgart, Berlin, Vienne et Zurich entre 1926 et 1937. On y voit donc figurer différents auteurs tels que Aichhorn, Redl, Reich, Erikson et Pfister, par exemple. Médecins, pédagogues ou instituteurs, ils ont tous fait l'expérience de la cure analytique.
L'intérêt de cet ouvrage est déjà de voir rassemblés ces auteurs, que l'on connaît surtout individuellement comme s'ils étaient en dehors de l'histoire. Cet ouvrage nous rappelle la vitalité de la pensée psychanalytique et pédagogique telle qu'elle existe juste avant le début de la deuxième guerre mondiale. La préoccupation est donc de relier la psychanalyse dans le registre de la pédagogie. En fait, il faut construire autrement l'humain grâce à cette nouvelle science qu'est la psychanalyse. La guerre sera une interruption inhumaine de ce grand espoir.

L’éducation sexuelle comme symptôme
Dès
l’instant que Freud fit l’hypothèse d’une étiologie sexuelle des névroses et
des perversions et qu’il dénonça les méfaits de la tromperie et du silence des
adultes, les psychanalystes et
éducateurs crurent à sa suite entrevoir la possibilité d’une prophylaxie dans la mise en place d’une « éducation sexuelle ».
Mais on s’est rendu compte tôt que l’éducation sexuelle n’avait pas le pouvoir d’être à elle seule préventive, la psychanalyse sut aussi les mesurer à l’épreuve de la réalité.
Des constatations que la réalité psychique et ses conflits ne se maîtrisent pas si aisément à partir des mesures éducatives, même rationnelles. L’éducateur continue à éduquer du lieu de son inconscient et l’enfant laissé seul face aux questions essentielles de son être au monde utilise quand même cette parole masquée qu’est le symptôme. L’insuccès d’une prévention totale contribua ainsi à exposer le problème autrement : il n’était plus question d’empêcher à tout prix l’enfant d’éprouver des angoisses, d’user des symptômes ni nom plus d’éduquer suivant un nouvel idéal, même assigné par la psychanalyse ; une fois de plus, l’urgence ne visait pas l’enfant, mais l’adulte : c’est à lui qu’il incombait de savoir demeurer aux côtés de l’enfant, pour que celui-ci trouve à qui parler de la souffrance et non pas de la refouler. Est-il cela un nouveau paradoxe ? L’auteur voit, en tout cas en cela, plus de créativité qu’actuellement dans le champ de l’éducation.
Ainsi Henri Meng (1887-1975), médecin et psychothérapeute à Stuttgart, émigra à Bâle en 1933, il se consacra après la guerre à « sauver » la psychanalyse de Freud dans les pays européens de la langue allemande. À partir de 1913 insiste pour une prophylaxie d’une pédagogie psychanalytique. Il reprend de Freud l’importance d’une influence décisive de la formation des idéaux sur la capacité du sujet à jouir, à travailler et à mûrir. Selon Meng, étant donné que les hommes ressentent "le besoin d’être dirigé" , l’éducation est une entreprise fondée et utile, c’est-à-dire, le sujet enfant commence à élaborer très tôt ces formations des idéaux et il prend l’exemple sur les comportements des personnes qu’il aime ou pour qu’il a de l’estime :
« L’éducation sexuelle (Sexualerziehung) d’obédience psychanalytique qui s’inspire des découvertes de Freud met l’accent principal « sur une éducation des pulsions » qui soit adaptée et à la vie intérieure et à l’entourage de chaque personne particulière »[1]
Meng reconnaît chez l’enfant une sexualité et il base la réussite de l’éducation sexuelle sur la théorie des stades de son développement. Les premières 5 années sont décisives pour la formation du caractère et de la conscience, pendant ces années, l’enfant parcourt ses différents stades et ça dépend fortement de l’attitude de l’entourage.
Meng considère que c’est à l’éducateur (et il inclut les parents) doit contrôler et guider les manifestations de la sexualité de l’enfant d’amour-propre et de pudeur sans pourtant favoriser « la pruderie, l’hypocrisie, et les sentiments de culpabilité ». [2]
Il considère que le noyau de la personnalité en devenir a peu à voir avec l’intelligence et beaucoup avec les développements des pulsions de l’enfant.
Henri Meng à l’égal que W. Reich insistent sur le fait que « l’adulte doit lui-même être équilibré du point de vue affectif et avoir achevé sa propre éducation sexuelle » ;l’effort principal d’une éducation sexuelle à orientation psychanalytique doit porter sur l’éducation de l’adulte et son adaptation aux besoins de l’enfant. Il considère moins important le fait de transmettre un savoir intellectuel que celui de guider le développement pulsionnel et il se manifeste pour introduire la pédagogie de la sexualité à l’école à condition que les enseignants et les éducateurs sachent retrouver le souvenir des problèmes qu’ils ont vécus au moment de leur adolescence et apprennent à apporter une aide aux parents de leurs élèves.
Leur projet ne s’étendait pas seulement à une compréhension de l’adolescence « mais surtout à une connaissance de la nature de l’individu et de l’humanité. »[3]
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