Quand on travaille au CMPP, CMP ou nous nous intéressons à la psychanalyse d'enfants, la question des limites ou de la pertinence entre la psychanalyse et l'éducation ne cesse pas de se poser. Surtout quand cela envahit le transfert dans la cure.
Est-il question du collectif ou de l'individuel? Dans tous les cas ce problème ouvre une discussion sur le politique et la psychanalyse, cette question concerne avant tout l'institution. A nous la tâche d'y réfléchir!
Traduction:
( Cuando se trabaja en CMPP, CMP o nos interesamos al psicoanalisis con niños, la cuestion de los limites y de la pertinencia entre el psicoanalisis y la educacion no deja de interrogarnos. Sobre todo cuando ésto invade la transferencia en la cura.
Es una cuestion que concerne lo colectivo o lo individual? En todo caso este problema abre la discusion sobre lo politico y el psicoanalisis, esta cuestion concierne antes que nada la institucion. A nosotros nos toca la tarea de pensarlo!)
Entre 1926 et 1937, plus de 300 articles ont été publiés par la revue Zeitschrift für psychoanalytische Pädagogik, éditée à Berlin et Zurich. Tous les "pères fondateurs" de la psychanalyse ont participé à cette revue: leurs écrits constituent le premier témoignage d'une exploitation de la psychanalyse dans le domaine de l'éducatif.
Mireille Cifali et Jeanne Moll ont sélectionné des textes qui n'ont fait l'objet d'aucune traduction française.
traduction:
(Entre 1926 y 1937, mas de 300 articulos han sido publicados por la revista Zeitschrift für psychoanalytische Pädagogik, editada en Berlin y Zurich. Todos los"padres fundadores" del psicoanalisis participaron a esta revista: sus escritos constituyen el primer testimonio de una explotacion del psicoanalisis en el dominio educativo.
Mireille Cifali y Jeanne Moll han seleccionado textos que no han sido traducidos nunca en francés. Este libro esta agotado actualmente.)
Voici une lecture du texte publié de Wilhelm Reich, in Pédagogie et psychanalyse, Mireille Cifali et Jeanne Moll, Dunod Bordas,1985, Paris (épuisé dans l'édition)
L’éducateur inconscient :
Wilhelm Reich (1897-1957) :Les parents comme éducateurs [1]
Selon l'auteur, il y aurait une opposition fondamentale entre la vie psychique de l’enfant et celle de l’adulte. Reich voit chez l’enfant une différence importante, dans ses pensées et ses actes, l’enfant serait soumis à d’autres lois que ceux de l’adulte.
La réaction bien « naturelle » chez l’enfant est une réaction négative et si ce refus peut prendre différents aspects selon l’âge, le sentiment de l’enfant est le même :un mélange de haine et de révolte contre celui qui impose la frustration.
Reich voit chez l‘enfant quelqu’un qui agit toujours selon le principe du plaisir et chez « l’adulte » quelqu’un qui agit en rapport au principe de réalité.
L’enfant est sous l’emprise du principe plaisir-déplaisir. Le but de l’éducation consiste alors à réprimer ce fonctionnement, régi par le principe de plaisir pour imposer un certain nombre d’inhibitions. Étant la morale une attitude donc « non-naturelle », Reich se demande d’où vient son pouvoir prédominant (en premier lieu comme un ennemi des pulsions sexuelles)?
Ce pouvoir vient, selon Reich, des pulsions elles-mêmes et il ne s’agit pas, comme on l’avait supposé jusque- là, d’un mécanisme inné comme c’est le cas pour la recherche du plaisir. Pour Reich, si l’enfant renonce à jouer avec ses fèces, c’est pour faire plaisir à sa mère. Il adopterait une attitude morale tout en suivant le principe de plaisir. Mais, au fur et à mesure que l’enfant fait siennes les exigences de la société pour faire plaisir à ses éducateurs, son Moi se transforme.Il cesse d’être un pur Moi de plaisir pour s’adapter à la réalité. Au début cette adaptation repose sur un plus de plaisir, mais il s’agit d’un plaisir plus altruiste et socialement reconnu. On comprendra donc que le facteur important n’est pas tellement que les exigences naturelles s’enracinent dans l’enfant mais beaucoup plus de quelles manières cela se fait. C’est-à-dire que la nature de frustrations doit permettre d’instaurer un compromis acceptable avec le principe de plaisir. Reich conclu que « le résultat d’une éducation sans amour sera une adaptation factice à la réalité.Les inhibitions qui auront été imposées par la sévérité engendre toujours des conflits dans l’organisation psychique et empêchent la formation d’une personnalité harmonieuse, car elles restent des corps étrangers ». Ni une attitude trop sévère, provoquant une inhibition totale des pulsions, ni une attitude trop laxiste au départ, dont le corollaire est une intervention brutale pour imposer un certain nombre de frustrations nécessaires témoignent de la compréhension de l’éducateur pour le conflit enfant/monde.
La solution optimale proposée par Reich consisterait à favoriser un certain développement des pulsions et à imposer ensuite les frustrations de manière progressive, aidé en cela par une relation de bonne entente avec l’enfant.
Pour Reich, il y a des frustrations nécessaires : celles-ci se distinguent d’autres parce qu’on les impose non seulement dans l’intérêt de la société mais aussi celui de l’enfant. Les frustrations nécessaires sont celles qui doivent réfréner et transformer les pulsions nuisibles à l’insertion sociale de l’enfant. La cruauté naturelle de l’enfant doit se transformer en pitié mais aussi en activité sociale.
Reich critique la notion d’ « insertion social »comme but de l’éducation, les buts de l’éducation changent en fonction du lieu, de l’époque et de la classe sociale. Du point de vue médical et nullement de l’éducation, ce qui compte pour cet auteur c’est qu’il n’existe aucun moyen d’éviter le conflit névrotique, conflit qui existe dans toute « situation économique, de la classe sociale, de la nation et de la race et qui prend son origine dans la relation parents/enfant (complexe d’Œdipe) ». La névrose dépendrait du hasard des événements et surtout du caractère des parents. De manière générale, selon Reich, on peut dire que la gravité d’une maladie psychique est « en rapport avec le nombre des frustrations nécessaires et inutiles et avec la sévérité avec laquelle elle sont étés imposées. »
La théorie de Reich critique d’un côté un laxisme et de l’autre le désir de réparation chez certains sujets qui choisissent le métier d’éducateur, inconsciemment , le désir d’éduquer est un désir de réparer ce qu’on a vécu dans sa propre enfance. Mais pour la pensée inconsciente, le désir d’éduquer ne signifierait rien d’autre que le désir de se venger, et c’est pourquoi le désir d’éduquer est doublé d’une compulsion sadique à éduquer dont les origines se trouvent dans l’inconscient. Chez d’autres personnes, signale Reich, c’est le désir insatisfait d’avoir un enfant qu’on trouve à l’origine de la compulsion à éduquer. Ces personnes sont pour Reich des femmes qui mettent l’enfant étranger à la place de l’enfant qu’elles n’ont pas. Et, il signale pertinemment que ce désir d’être éducatrice s’estompe quand le désir d’enfant se trouve satisfait dans la réalité. Les motivations conscientes ne sont que rationalisations secondaires ; il n’a pas d’autres solutions que l’analyse personnelle pour mettre l’éducateur (aussi les parents) en face de la signification véritable de ses actes.
Dès le début le développement de la psychanalyse :l’acte d’éduquer relèverait aussi d’un irrationnel. En effet celui qui éduque se trouve fatalement dans une situation qui risque de nuire au déroulement de sa pensée : il n’est pas confronté à un enfant vivant pour lequel il formule un projet, mais aussi et surtout à l’enfant qu’il a été, à l’enfant refoulé et par là même idéalisé qu’il porte en lui et qui lui souffle la majorité de ses réactions. Ainsi, lorsque l’adulte use de mesures éducatives, celles-ci s’encrent plus qu’il ne le croit dans ses propres besoins pulsionnels, bien qu’il les justifie toujours par des rationalisations qui ont comme unique but « le bien » de l’enfant. Telle serait la méconnaissance liée à l’acte d’éduquer et qui révèle l’un de ses plus puissants paradoxes : l’acte éducatif est fondé sur un discours qui s’égrène au rythme de l’amour, du bien, du bonheur, de l’idéal ;mais au nom même de toute ces « valeurs » se prononcent parfois des prescriptions équivalentes à un véritable « meurtre psychique » :un assassinat dans l’âme. D’autre part –difficulté supplémentaire- la tyrannie de « l’enfant refoulé » chez l’adulte ne disparaît pas, sous prétexte que l’on s’efforce d’agir avec une grande objectivité.L’éducateur semble devoir être abandonné à la compulsion, au désarroi de son incompréhension et à un activisme éducatif qui prend toujours un principe comme guide.
Reich ne prône que pour un « pessimisme fructueux » d’un acte d’éduquer plutôt que pour un optimisme qui apaise seulement la conscience des adultes. À long terme un « pessimisme » entraîne un certain contrôle de soi-même et aboutit à des remises en question précieuses alors que l’optimisme en matière d’éducation ne fait que cacher les problèmes.
L’éducation pour Reich, si elle doit avoir un sens, elle doit être un phénomène de masse.
La solution optimale, juger objectivement le but de l’éducation, n’est réalisable qu’à condition que chaque éducateur fasse une psychanalyse, ce que n’est pas envisageable pour la grande masse d’entre eux, écrit-il. Il serait tout à fait utopique.
« Quand les parents et les éducateurs auront compris quels sont les véritables raisons et buts qui motivent leurs mesures éducatives, quand les autorités concernées auront compris que le rapport enfant-adulte signifie l’opposition de deux mondes différents, à ce moment-là existera , peut-être, la possibilité de penser à des mesures éducatives actives. »
[1] Eltern als Erzieher, 1926, cahier 3, p.65-64, traduit par P.Cadiot.
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