06/06/2010

Penser après Derrida

Le Magazine littéraire du mois de juin fait hommage à Derrida. Le dossier est coordonné par Laurent Nunez et y participent plusieurs auteurs. Le « D. J. au téléphone » par Hélène Cixous est très émotif, très sensible elle ne cesse de lui « téléphoner », elle parle avec le spectre, figure chère (chair) de Derrida quand il aimait rester connecté avec les esprits  de la pensée :
« Le jour où il aura prédit :deux mois après ma mort il ne restera plus rien, je le contredis, je ne crois pas. Tu verras dit-il. Toujours ses phrases vibrantes d’équivoque. Toi aussi, dis-je. Il en remet en août pour Le Monde. Cette fois ce n’est plus deux mois mais quinze jours. Eh bien, il a encore eu raison,   me dis-je en 2005. Je lui téléphone : tu avais raison comme d’habitude. Aujourd’hui il y a une prime aux supposés « vivants » qui triomphent, médiatiquement, des « morts ».

L’oubli, le python de Proust, dévore le feu (celui qui fit) à une allure technomythologique. On ne donne pas cher des spectres. Pas chair ? dit-il. Il y a un tel refus de la hantise, un tel déni de l’héritage. On oppose banalement la vie et la mort, dis-je.Si tu voyais ! dis-je ( sachant qu’il voit autrement).On a rétabli, à peine as-tu tourné le dos, ce qu’on appelle « la peine de mort » : la grande machine à oppositions-exclusions. »